L’Oreille cassée (saison 1)

SAISON 1 L’OREILLE CASSÉE

avril 2014

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ÉPISODE 1   J’AI UNE OTOSPONGIOSE 

Cela fait déjà un petit moment (six ans) que le diagnostic a été établi : je souffre d’otospongiose.

Kesaco l’otospongiose ????

Je ne suis pas ORL aussi mieux vaut chercher la réponse sur des sites spécialisés pour comprendre le mécanisme. Concrètement je souffre d’une surdité de transmission (bilatérale, mais principalement de l’oreille droite) ; c’est à dire que le problème est mécanique.

Trois osselets composent l’oreille, le marteau, l’enclume et l’étrier (In nominem Malleus et Incus et Stapes…). La vibration du tympan se propage d’un os à l’autre et mon problème (l’otospongiose) est que  le plus petit, l’étrier, déconne… Il reste coincé et ne transmet plus correctement la vibration à l’oreille interne, qui elle attendait cela pour transmettre au cerveau des informations sur les sons perçus…

Résultat des courses (petite allusion aux courses hippiques…rapport à l’étrier…humour !!) , des personnes super intéressantes émettent autour de moi des points de vue sur tous les sujets du monde et moi (mon moi est en l’occurrence contenu dans un os de 4 mm de long) se la joue « indifférent », snobant les avis émis par les autres pour inexorablement la ramener sur le sujet.

A décharge pour mon étrier, il y a déjà longtemps que j’ai pris l’habitude de donner mon avis sur tout (et plus encore) sans me préoccuper des avis de mon entourage, mais ça c’est une autre histoire…

Si t’as rien compris (où si tu sais pas lire) regarde ce schéma (et si tu sais pas lire, débrouille-toi pour comprendre qu’il faut regarder le schéma et comme tu passes à côté des légendes, t’as qu’à le colorier !!! Après tout t’avais qu’à travailler à l’école et « écouter » le professeur).

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Et puisque je fais un retour sur le passé, j’en profite pour régler un différend avec lui (qui lui… mon passé).

Parole d’ORL « Et dans votre famille, on trouve des cas de surdité car l’otospongiose est une maladie congénitale ?»

Parole de Moi « Et bien j’en sais rien, Monsieur l’ORL, because que j’ai pas capté toutes les informations sur mes ascendants, et pas parce que j’entendais pas les vibrations de leurs cordes vocales, mais parce que je vous expliquerai pas pourquoi. »

Quand on était petit, on a tous fait ce rêve qu’un jour un notaire bedonnant viendrait sonner à notre porte pour nous annoncer qu’un lointain cousin du bout du monde, riche comme Crésus et seul au monde comme Crusoé, et non riche comme Crusoé et seul comme Crésus (excepté le vendredi), viendrait toquer à notre porte….Toc Toc… pour nous annoncer que ce riche cousin nous avait légué son énorme fortune, nous laissant sans chagrin mais avec du pognon à ne plus savoir qu’en faire (mais à savoir ce qu’on pourrait arrêter de faire par contre).

Et bien, arrivé à un certain âge, ce rêve prend forme d’une manière légèrement différente : le notaire est remplacé par un médecin ; le riche cousin est remplacé par un ascendant au casier médical bien gonflé ; et la pièce se joue plutôt sous la forme de l’annonce de prédispositions pathologiques héréditaires.

En un mot, les médecins ont vite fait de coller sur la famille les raisons de nos problèmes de santé.

Remarque, ils ne prennent pas trop de risque car souvent nos parents ne sont plus là pour avouer qu’ils nous ont légué tout leur amour et plus, où alors chez certains encore vivants, la mémoire est devenue si sélective.

Revenons à nos vibrations….

L’an passé, un examen audiométrique a montré une nette dégradation de mon oreille droite, suffisamment pour que soit envisagée une solution d’amélioration:

2 solutions s’offrent à moi :

1- La mise en place d’une prothèse auditive intra-auriculaire. Concrètement un appareil pour entendre mieux, posé au creux de l’oreille.

2- Une opération appelée STAPÉDECTOMIE (de quoi fuir tout de suite de peur qu’on ne coupe tout ce qui dépasse !!!). Concrètement, on enlève l’étrier et on le remplace par un piston qui, une fois en place, doit permettre d’améliorer l’audition en jouant à nouveau le rôle du transmetteur d’ondes vibratoires.

On en parle avec mon ORL et le chirurgien…. je vous passe les détails…. pas le temps pour l’instant car je me fais opérer dans 4 heures… pour savoir vers quelle solution aller, sachant que dans les deux cas, il y a du pour et du contre, rien ne fonctionnant à 100 %, sachant que dans un cas y’a du sang et pas dans l’autre, je sais le suspens serait intenable si je n’avais pas lâché le dénouement de l’histoire dès le début de la phrase…… ALORS !!!…..

VOTER 2 LA STAPEDECTOMIE  « DU SANG DES LARMES DE LA SUEUR »

J’ai encore plein de choses à vous dire sur cette période pré-opératoire : comment cela va se dérouler, les risques, les visites sur les sites dédiés, les forums et leur lot d’angoisse, les interrogations sur les risques, les interrogations sur l’intérêt de mieux entendre.

Il faudrait aussi que je vous raconte ces situations parfois cocasses où j’ai fait semblant d’entendre, où j’ai usé de stratégie pour contourner ce handicap, ces compliments sur moi que j’ai dû rater à un millihertz près….

…. MAIS JE N’AI PAS LE TEMPS… cela fera peut-être l’objet d’un PRÉQUEL si la série a du succès !!!

DIRECTION LE BLOC OPERATOIRE

Au fait appelez-moi Joseph K. (de toute façon je ne vous entends pas bien)

 

ÉPISODE 2       L’OPÉRATION

 

C’est le Jour J

Jour J  – H – 8

C’est mon dernier repas (avant l’opération). Ceci est mon yaourth, ceci est mon café (désolé mais c’est Danone et Nespresso qui sont sponsors de l’opération)

jour J – H – 3

Je me lave les pieds et surtout le reste, pas avec mes larmes, mais avec de la BETADINE et ça pue franchement (là, il faudrait changer de sponsor !!!).

jour J- H – 2

Je me rends sur les lieux de l’opération en prenant les transports en commun le RER B (pourvu qu’il fonctionne, car en ce moment c’est un vrai chemin de croix avec les perturbations à répétition du RER) et le métro, un peu plus d’une dizaine de stations.

Il fait assez chaud et la faim commence à me tarauder… je me ferais bien une petite glace aux fruits de la Passion.

jour J – H – 1

J’arrive….

« Bienvenu Monsieur K. Je suis Mademoiselle MOUTARDE et je suis chargée de vous accueillir à l’accueil, c’est pourquoi je suis à l’accueil »

« Donnez-moi votre carte vitale »

« Voilà Monsieur K vous avez rendez-vous avec le Docteur J.K. pour être opéré. Vous allez d’abord rencontrer les infirmières qui vont vous poser quelques questions ».

« Bonjour Monsieur K. »

« Savez-vous pour quelle opération vous venez ? »

« Bien sûr, dis-je, une STAPEDECTOMIE à l’oreille DROITE suite à mon OTOSPONGIOSE ».

Très important pour moi, de bien montrer que je sais où je vais; j’avais potassé le sujet avant de venir et surtout j’avais depuis le début une angoisse permanente, celle que l’on m’opère la mauvaise oreille…. c’est à dire l’autre, la gauche quoi.

Problème : comme je confonds depuis toujours la gauche et la DROITE, je m’étais entraîné à bien me souvenir de la phrase : oui l’oreille DROITE, et surtout à bien la redire un nombre suffisant de fois pour me rassurer totalement.

« Monsieur K., vous êtes bien a jeun ; Monsieur K, vous vous êtes bien lavé avec la Bétadine ; Monsieur K vous avez un traitement avec ordonnance ; Monsieur K, vous avez des analyses, radios, scanners à nous laisser »

« Oui; Oui ; Oui; Oui » … ne pas être contrariant et surtout penser à l’essentiel.

« Oui j’ai un scanner de mon oreille DROITE ; oui j’ai surtout insisté à DROITE avec la Bétadine »

Aucun mot sur mon vote aux municipales.

Direction ma chambre. L’infirmier qui m’y accompagne me dit alors :

« Vous vous mettez nu sous la blouse, charlotte et chaussons et vous attendez qu’on vienne vous cherchez pour vous emmener au bloc »

Un quart d’heure après j’étais au bloc, sur un brancard, nu sous ma blouse, mon drap et ma couverture de survie.

« Bonjour je suis le Docteur Héléna RUSSELL votre anesthésiste ; Je vous explique : je vais vous faire respirer un peu d’oxygène, vous poser un cathéter et ensuite je vous injecterai le produit pour vous endormir. Pas trop angoissé, Monsieur K ? »

A peine le temps de répondre non, qu’elle m’enfonce sur le nez un masque à oxygène.

« Cela va vous serrer un peu !!» . Tu m’étonnes, pensais-je, elle m’a démonté l’arrête nasale

« Respirez bien fort »

« Le Docteur J.K. a pris un peu de retard sur ses opérations précédentes ; aussi pour gagner du temps, je vais vous endormir avant d’aller au bloc ».

« Et maintenant, je vais vous injecter le produit pour vous endormir »

Et c’est ainsi que se déroula mon opération…. La suite…. elle va totalement m’échapper

« Monsieur K ?? » « Vous m’entendez, réveillez-vous, ça va ?? »

« Oui, oui »

« Votre opération s’est bien passée, vous êtes en phase de réveil »

De retour dans ma chambre, je constatai par palpation qu’un gros bandeau entourait mon crâne avec une protubérance évidente sur l’oreille DROITE.

Monsieur K

Et pour gagner 1000 euros, je vous propose de répondre à cette question : De qui parle t-on ?

 Son opération s’est déroulée en hiver – – Il l’a cassée depuis longtemps – Lui, il a du talent

Réponse A : VAN GOGH

Réponse B : Monsieur K.

Appelez vite au 3615 (3 euros/minute).

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Plus tard dans la soirée, le Docteur J.K. me rendit visite et me confirma que l’opération s’était bien déroulée. Il restait à surveiller mon état, notamment pour savoir si je souffrais de vertiges post-opératoires.

Après avoir dévoré mon premier et unique repas de la journée, je suis très vite retourné dans les bras de Morphée pour la nuit…. la tête uniquement posée du côté GAUCHE pour protéger ce  nouvel élément de mon corps désormais mi humain-mi robot

… Ce PISTON en TEFLON ayant pris place à DROITE au côté de mon enclume et mon marteau pour remplacer mon étrier défaillant.

Jour J + 1

Lendemain matin… pas très frais car la nuit n’a pas été très simple… pas facile de dormir sur une seule face, avec la tête en hauteur dans un petit lit d’hôpital.

Heureusement le petit déjeuner est matinal. Pas de douleurs, pas de fièvre, pas de tension. RAS.

Un premier audiogramme est réalisé. L’interne semble satisfait, moi je ne sais pas trop car pour être honnête je ‘entends pas grand-chose ayant l’oreille bouchée par du GELFOAM et un pop OTO-WICK (je sais cela ne t’évoque rien, moi non plus, sauf que moi je peux lire mon compte-rendu opératoire et que moi j’entends rien avec cette oreille bouchée !!).

L’infirmière me montre comment changer mon pansement, comment faire le traitement antibiotique à base de gouttes auriculaires…  car désormais c’est moi qui vais gérer la suite, de retour à la maison.

« Monsieur K., votre mission si vous l’acceptez, est de continuer ce traitement pendant une semaine. Dans une semaine, vous reviendrez sur la base lunaire alpha pour voir le Docteur J.K. qui vous enlèvera  votre pansement et pourra se rendre compte alors, de la réussite ou non de l’opération. Votre ordonnance ne s’autodétruira pas dans les 5 secondes ».

Une dernière hésitation sur le choix du bandeau entre deux modèles très tendance ce printemps

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Am stram gram, je choisis le modèle « filet à provisions » car c’est bientôt le tournoi de ROLAND GARROS.

En fin de matinée, c’est le départ ou plutôt le retour à la maison.

Fin de l’épisode 2

avec dans les rôles principaux : Monsieur K., le Docteur John.K., le Docteur Héléna RUSSELL,le Piston TEFLON et bien sûr pour sa dernière apparition à l’écran l’ÉTRIER DROIT !!!

 

 

ÉPISODE 3      APRÈS L’OPÉRATION

First week

Cette première semaine a été très simple, j’ai vécu au rythme de mon oreille… Pour être clair (et ce n’est pas le plus simple actuellement), je suis resté « BOUCHÉ » toute la semaine.

Au rythme du pansement à refaire et des gouttes antibiotiques à instiller, j’ai protégé mon oreille de tout contact « traumatisant ».

C’est quoi un contact « traumatisant » pour une oreille bouchée ?

A- Un tire-bouchon

B- Une injection de destop liquide

C- Du bruit

Jean-Pierre, je demande l’avis du public.

Le public vote le B : une injection de destop liquide à 75 %.

Moi Jean-Pierre, je choisis le C : du bruit.

Et c’est mon dernier mot, pour deux raisons. La première c’est que le public de votre émission est un public de chiottes. La seconde c’est que dès qu’il y a du bruit autour de moi, j’ai l’impression de passer sous le métro.

En effet, cette oreille obstruée par un fragment de GELFOAM puis par un POP OTOWICK puis par un pansement externe, fait un peu caisse de résonance. Du coup, tout bruit se retrouve à la fois atténué (comment voulez-vous que j’entende avec tout ça dans l’oreille) mais les vibrations mécaniques se transmettent créant comme une caisse de basses. Ainsi le moteur d’une voiture est fortement amplifié, faisant passer une SMART pour un autocar MOLDOSLOVAQUE.

Et le mot d’ordre est simple pour cette première semaine, tout faire pour que mon pote le PISTON trouve sa place dans mon moi auriculaire et surtout qu’il ne se mette pas à se déplacer vers des espaces moins hospitaliers (surtout pour moi). Donc, faut pas lui infliger des mouvements brusques (pas le moment de faire Thom Yorke dans Idiothèque), faut pas éternuer très fort, faut-pas tousser trop fort, faut pas pousser trop fort quand tu es public de Qui veut gagner des millions, j’en passe et des meilleures.

Il faut aussi espérer que derrière les bouchons, il n’y ait pas d’inflammation, pas d’infection, pas de scalpel oublié par mégarde. A la moindre petite douleur, tout y passe et quand je dis tout…. il y a de quoi faire, il suffit de se plonger dans les forums, les témoignages de personnes opérées, les risques post-opératoires décrits par des ORL de tous pays (beaucoup de québecois ? Problème héréditaire ? ou my heart will go on en boucle ?), les thèses d’étudiants en médecine cherchant les petites bêtes dans les petites têtes.

C’est donc dans ce contexte chaleureux que s’est déroulée cette première semaine de convalescence, avec comme aboutissement le rendez-vous post-opératoire avec mon chirurgien. A la suite de ce rendez-vous j’en saurais sans doute plus sur la réussite de  l’opération ….

Premier RV post-opératoire

« Bonjour Monsieur K., comment s’est passée cette première semaine ? »

« Très bien, Docteur J.K. »

?!?!?!?!

Je sais, ce « très bien » nécessite quelques explications de ma part.

Pourquoi, « très bien, Docteur » et pas « bien, Docteur » ou « assez bien, Docteur » ou banal bien (« tout doux, tout doux docteur »). Ne cherchez pas du côté d’une analyse très fine des symptômes ressentis avec graduation sur échelle logarithmique des degrés de douleur, du nombre d’heures sans pouvoir dormir, des petits vertiges dans les mouvements de tête….

…Non, si au vu de tout ce que j’avais lu sur le sujet, il était évident d’éliminer les « Très mal, docteur» , « Je crois qu’il y a quelque chose de pas normal, docteur» , « j’ai beaucoup souffert, docteur» , « Je crois que le destop a fait des dégâts, docteur» , le choix de ce « Très bien, docteur » tient sa source de mon caractère enjoué et optimiste qui lui même doit venir de quelque part (et ce quelque part pourrait bien venir de ma petite enfance, de mon moi,de mon surmoi, de mon émoi, du naufrage du Titanic, peut-être). Ou alors, n’est-ce-que l’expression orale du moment présent (pourquoi pas de mon dernier score canon à Candy Crush ou pourquoi pas de cette exaltation qui fut mienne quand Manuel Valls annonça cette merveilleuse équipe de combattants de son gouvernement et ce lot de mesures si révolutionnaires qui laissent présager de beaux jours… aux financiers véreux de notre beau pays).

En un mot (il serait temps), ce « Très bien, Docteur » a comme but de lui indiquer en peu de mots que je ne vais pas mal.

« On va voir cela, je vais regarder de plus près »

« Aujourd’hui, je vais vous enlever la mèche qui protège votre oreille (nom de code sécu POP OTOWICK) et je regarde s’il n’y a pas d’inflammation »

Je livre de nouveau mon oreille à celui qui en a fait cette oeuvre d’art. Il gratte, trifouille, et hop !! exit la mèche ensanglantée, première trace apparente du rude combat livré dans cet orifice quelques jours plus tôt. Il fait sauter les points de suture sur mon oreille externe, maniant fil et ciseaux avec autant d’habilité que ces couturières qui ont fait le prestige des industries textiles du nord de la France quand le Made in France avait encore cours (décidément je crois que j’ai du mal à me remettre totalement de l’opération remaniement…).

Il regarde, commente, se contente (on dit plutôt semble content, mais comme je ne le vois pas, l’expression se contente reflète mieux ma perception du moment présent qui vous l’avouerez, n’est pas aisée, puisque je ne le vois pas, je ne l’entends pas, et pour ceux qui on besoin de précision, je ne le touche pas non plus).

« Tout va bien, Monsieur K.. Je laisse en place dans votre oreille le morceau de gelfoam qui protège votre tympan jusqu’à la semaine prochaine ou je vous reverrai. Entre-temps, vous continuerez l’antibiothérapie par instillation auriculaire. Plus de pansement externe. »

« Ce n’est qu’après que nous pourrons faire un audiogramme pour juger de la réussite de l’opération sur votre perception auditive »

Ce premier rendez-vous se solda donc en grande partie par un « Bouché je suis rentré, bouché je suis sorti » ce qui sur un patient nommé Cesar aurait pu donner « Surditas rediteris, surditas egrederis« .

Conclusion : après ce RV, il y a du mieux, je suis débarrassé du pansement que j’avais sur l’oreille et je peux ainsi circuler à nouveau comme un citoyen lambda (λ), sans afficher ma tête enturbannée aux yeux globuleux des passants qui passent en se retournant.

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Le moins, c’est qu’il me faut encore prendre mon mal en patience et supporter d’être à moitié coupé du monde, sans savoir si tout est vraiment remis en place au fin fond de ce conduit auriculaire, sans savoir si je pourrai à l’avenir offrir à Maria CALLAS une écoute digne de sa magnifique voix de SOPRANO.

Il faut savoir donner du temps au temps….

 

Second RV post-opératoire

Cette seconde semaine après l’opération aura été semblable à la première dans le sens où cette impression d’oreille bouchée est assez handicapante (besoin de calme, fatigabilité sans doute accentuée par le traitement antibiotique, difficulté à se concentrer). Par contre, le fait de ne plus avoir aucun signe extérieur m’a permis de reprendre une vie sociale normalisée. Pas professionnelle, car mon arrêt de travail court toujours, mais ce que j’entends (!?) par vie sociale, c’est de pouvoir se promener dans la rue sans être l’objet de regards inquisiteurs, cherchant à deviner au travers de cette décoration crânienne, une quelconque cicatrice sanguinolante et craignant de revivre un épisode de WALKING DEAD.

Ce second rendez-vous ressemblera au premier (le premier, lui, ne pouvait ressembler à rien de vécu précédemment, c’est en quoi cette phrase prend toute son importance).

Moi, le docteur J.K., et un débouchage en bonne et due forme.

Cette fois, la technique fut celle de l’aspiration de tout ce qui traînait dans mon conduit auriculaire. S’il fallait un acte fondateur de la 2ème vie de mon oreille droite, ce fut bien cette aspiration. Aussitôt déclenché le moteur de l’aspirateur, je compris ce que signifiait que d’entendre à nouveau. Un bruit assourdissant (!?) me dévasta le tympan, pendant que mes sécrétions internes s’évacuaient, laissant place à un conduit nettoyé des derniers vestiges de l’occupation de ces 15 derniers jours. Plus de doute, je savais à présent que mon PISTON avait décidé de coopérer avec moi et qu’à présent, nous allions, lui et moi, vibrer à l’unisson.

Le docteur J.K. me rappela quelques règles essentielles :

« Ad vitam eternam : pas de plongée sous-marine ; pas de parachutisme

Dans les 2 mois : pas de transport en TGV ou en avion. »

Hi ! Hi ! Je n’aime pas l’eau, je n’aime pas le poisson, j’ai le vertige et je n’ai pas de vacances avant deux mois.

Le docteur J.K. me propose de faire un audiogramme dans 15 jours pour savoir à quel niveau se monte le gain de mon audition.

Avant de le quitter, je  lui fais part de l’impression qui est mienne. Depuis le débouchage, j’ai l’impression que tous les bruits autour de moi sont surdimensionnés : les voix, chaque bruit, le stylo se posant sur la table, les portes se fermant, le bruit de mes pas. Il me dit que tous les patients ont au début cette impression.

Dès la sortie de ce cocon qu’était encore le cabinet du docteur J.K., ce fut un déluge de bruits agressifs. Je dis bruit et non son car la puissance ressentie (ou réelle ?) était telle que la notion de bruit était plus proche de ce que je ressentais.

La sortie dans la rue, tourna presque au cauchemar. J’étais agressé de toute part : des voitures monstrueuses à la mécanique vrombissante (vive la voiture électrique !), des motards, des bus, des piétons parlant fort, des valises à roulettes s’écrasant sur le pavé… Enfin TOUT était agression sonore. Peut-être n’avais-je jusqu’à aujourd’hui, jamais perçu les vrais bruits de la rue ? Peut-être que pour les autres, cela était normal ? En fait j’en sais rien !!! Je me dis que ce n’est pas possible de supporter un tel vacarme et en même temps, on ne m’a pas greffé un ampli de 5000 watts !!! En tout cas, j’entends, c’est sûr et c’est bien là l’essentiel.

Mon retour chez moi fut du même acabit. Les rames du RER, les messages à chaque station, les gens qui parlent, moi qui parle,  les gens qui marchent, moi qui marche, les portes qui claquent, ma porte qui claque derrière moi. Enfin tranquille, à l’abri des attaques sonores.

Désormais seul, je laisse reposer ma tête. Je la doliprane un peu, je goutte à goutte mon oreille et goûte à un juste repos.

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Au lendemain, je sais.

Tout s’est éclairci. Il me faudra encore de la patience pour que la « normalité » (ou presque) revienne, mais je suis sur le chemin, à n’en pas douter, et si ce chemin reste encore à découvrir, l’issue ne m’est plus inconnue.

Je me fais un cadeau. L’écoute (bilatérale) de CODEX du groupe RADIOHEAD.

 

Merci Docteur J.K.

… mais alors que je devrais poser ma plume jusqu’à la prochaine étape de cette reconstitution, une idée se met à germer dans ma tête….

ET si toute cette histoire n’était qu’une infime partie d’un plan diabolique d’écoutes généralisées.

ET si je n’étais qu’un instrument aux mains d’une organisation ayant décidé d’utiliser des individus lambda (λ) pour les équiper de récepteurs afin d’espionner la terre entière.

ET si ce piston que j’étais prêt à accueillir comme un frère (moi non plus je ne comprends pas cette phrase !!) était un indic commandable à distance, un GOOGLE GLASS du sourd, un FACEBOOK du malentendant.

PIRE encore, ET si ce piston était télécommandé par une force extérieure, prête à faire de moi un terroriste Homelandesque, capable de me dicter mon comportement par des impulsions directement reliées au cerveau… Et si JEANNE D’ARC était la première preuve historique de ces voix directement perçues par le cerveau pour nous faire exécuter des plans diaboliques (excuse Jeanne pour le diabolique, je sais ça casse un peu ton personnage, mais les moutons à Domrémy c’est un peu cucu comme histoire pour une série en 10 saisons). Autre piste possible, la Porte des Etoiles existerait bien (et donc le Colonel O’Neill, Daniel Jackson et Teal’c) et je serais l’hôte d’un Goa’uld….

Fin de  de la saison 1

Teasing de la saison 2 : toutes ces pistes ne sont-elles que le fruit de l’imagination de Monsieur K. dont les idées privées d’une sortie à droite, commencent à monter en chantilly ??? Ou alors est-ce le début d’une terrible révélation sur notre monde…

A suivre……………………………………………………………………………………………………………………………….